Comment l’UE démolit les pensions

Nous devons nous unir pour résister à leur volonté de faire payer aux travailleurs la crise économique du capitalisme.

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Original article in English

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Alors que la lutte en France pour défendre les droits à la retraite des travailleurs suite aux « réformes » d’Emmanuel Macron fait rage, un article d’André Crespin du Parti des travailleurs de Belgique (PTB) explique clairement le rôle clé que joue l’Union européenne en faisant pression sur les gouvernements nationaux pour qu’ils augmentent l’âge de la retraite, sapent les régimes de retraite existants et obligent les travailleurs à souscrire à des régimes d’assurance privés pour passer leur vieillesse.

M. Crespin explique comment des commissaires européens non élus, agissant en tant que pouvoir exécutif de l’UE, font pression sur les pays européens pour qu’ils réduisent leurs dépenses sociales en récupérant les droits à la retraite acquis au terme de nombreuses années de lutte.

Il écrit : « A partir de 2011, la Commission a fait avancer les choses en exprimant ses recommandations : la « surprotection » des travailleurs sous contrat à durée indéterminée devrait être réduite, l’âge de la retraite devrait être lié à l’espérance de vie (c’est-à-dire que l’âge de la retraite devrait être relevé), les conditions d’accès à la retraite anticipée devraient être restreintes et des systèmes de retraite privés complémentaires devraient être mis en place. »

Il est certain que d’ici 2018, le Conseil « Affaires économiques et financières » (Ecofin) de l’UE était heureux de faire état des travaux de démolition déjà réalisés et de se réjouir de les mener à bien, notant avec satisfaction que l’Ecofin « se félicite que dans la plupart des pays, les récentes réformes des retraites aient eu un impact positif en limitant la dynamique des dépenses publiques et en contribuant à l’augmentation de l’âge moyen de sortie du marché du travail ».

L’Ecofin poursuit en affirmant : « Les États membres doivent encore prendre des mesures supplémentaires pour relever l’âge effectif de la retraite, notamment en évitant les sorties prématurées du marché du travail, en favorisant le vieillissement actif [!], en renforçant les incitations à rester sur le marché du travail et en renforçant les éléments de viabilité du système de retraite, par exemple en liant l’âge de la retraite ou les prestations de retraite à l’espérance de vie. »

M. Crespin note que l’UE promeut activement ce que l’on appelle la « pension à points » : « Ce système, qui a déjà été introduit en Allemagne, lie le montant de la pension à divers facteurs externes, dont l’espérance de vie. Si l’espérance de vie augmente, la pension sera moins élevée.

« Pour l’État, ce système a l’avantage de faire baisser la pension. Il suffit de regarder ce qui se passe dans les pays européens où ce système est en place. En Allemagne, la pension à points est en place depuis le début des années 2000. Le bilan est catastrophique: un retraité sur deux reçoit moins de 800 euros par mois, 16,8 % des retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté, plus d’un million de retraités, souvent âgés de plus de 70 ans, doivent faire des petits boulots pour survivre …

« En Suède, où la retraite à points fait des ravages depuis 2001, la situation n’est pas meilleure : 92 % des femmes et 72 % des hommes auraient eu une pension plus élevée si l’ancien système était resté en vigueur. Et, comme en Allemagne, beaucoup doivent continuer à travailler malgré leur âge avancé : 38 % des Suédois de 67 ans et 25 % des plus de 69 ans doivent continuer à travailler pour compléter leur faible pension …

« Mais ce n’est pas encore suffisant. La Commission européenne déplore le fait que seulement 27 % des Européens âgés de 25 à 59 ans ont souscrit à l’épargne retraite. Le Conseil européen reconnaît que « le marché européen de l’épargne-retraite individuelle est actuellement fragmenté en raison de l’existence d’un patchwork de règles disparates qui entravent l’émergence d’un marché au niveau de l’UE ». »

Il est clair que l’UE a l’intention de s’orienter vers la suppression effective des pensions d’État, laissant les travailleurs se débrouiller seuls sur un marché européen de l’assurance privée. En réalité, la Grande-Bretagne n’a jamais eu besoin de beaucoup d’encouragements de la part de Bruxelles, mais a plutôt été à l’avant-garde en ce qui concerne l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes et la suppression des régimes de pension liés au dernier salaire de l’employé.

Mais maintenant que la Grande-Bretagne est censée être sortie du club des patrons, il est grand temps que les travailleurs britanniques soient solidaires des travailleurs français contre les « réformes » de Macron, des travailleurs allemands contre l’épouvantable régime de retraite à points et des travailleurs de tous les pays contre la tentative de faire payer à la classe ouvrière la crise du capitalisme.

C’est le véritable internationalisme de la classe ouvrière, et non l’ « internationalisme » parasite de l’UE et de l’OTAN.

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Translation by Jesse Winney and Eleanore M’bra Koffi