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Après près de deux mois de grèves et de protestations, les conducteurs de train français ont suspendu leur action syndicale car le gouvernement montre des signes d’hésitation.
Incapable de faire face à l’ampleur des perturbations dans le métro et les trains interurbains de Paris, alarmé par la volonté croissante des autres travailleurs du secteur public de joindre leurs forces à la lutte commune, et effrayé par le fait que, malgré la brutalité de la police sur le champ de bataille adoptée par l’État, la classe ouvrière refuse toujours de se plier au programme de “réforme” imposé, le gouvernement français commence à faire marche arrière.
Sans doute conscient de l’approche des élections locales au printemps, le président Emmanuel Macron s’est ingratement retourné contre ses propres voyous de la police, soudainement désireux de prendre ses distances par rapport à ce qu’il a décrit comme le « comportement inacceptable » de certains officiers, qui, selon lui, compromettrait « la crédibilité et la dignité » de la police.
Autre coup de théâtre, l’annonce par le ministre de l’intérieur Christophe Castaner que la brigade anti-émeute renonçait gracieusement à l’avenir à utiliser une marque particulière de grenade lacrymogène explosive (les critiques n’ont pas manqué de souligner que le fabricant avait de toute façon cessé sa production et que les voyous du CRS auraient à leur disposition tout un arsenal de grenades non moins vicieuses). (La police française affronte les pompiers lors des manifestations de Paris par Angelique Chrisafis, The Guardian, 28 janvier 2020)
Concessions forcées
La plus grande illustration de la détermination vacillante du gouvernement est que le Premier ministre Edouard Philippe a proposé d’abandonner un aspect essentiel de la « réforme » des retraites proposée, à savoir le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Il va sans dire que cette concession, faite seulement après deux mois d’action concertée des syndicats, a été assortie d’une mauvaise surprise pour les travailleurs. Le Premier ministre a ainsi expliqué son apparent retournement de veste :
« J’ai toujours dit qu’il n’est pas possible d’équilibrer le système de retraite sans toucher à l’âge. Mais si nos partenaires sociaux peuvent se mettre d’accord sur un ensemble de mesures, y compris quelque chose de différent de l’âge pivot, je le prendrai. » (Les syndicats français et le gouvernement tentent de trouver un compromis sur les retraites dans trois mois, The Local, 31 janvier 2020)
La ruse de Philippe consiste à faire croire aux travailleurs que c’est à eux de trouver des moyens intelligents d’aider l’État capitaliste à équilibrer ses comptes. Il a déjà fait comprendre qu’il ne fera pas contribuer davantage les patrons au système, en plaidant que cela les découragerait d’embaucher.
Les travailleurs français malins sauront passer outre l’écran de fumée, en exigeant le maintien intégral des droits à la retraite existants et en laissant à Philippe le soin de faire ses propres calculs.
La lutte s’intensifie et se propage
Pendant ce temps, la lutte des classes en France flambe partout. Des images de CRS (police anti-émeute française), des voyous en tenue d’émeute, se battant avec des pompiers casqués, sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Les pompiers réclament depuis longtemps une amélioration de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Ils réclament notamment une augmentation de leur prime de risque, qui stagne depuis trente ans.
Et à Paris, les ordures s’accumulent dans les rues alors que les salariés des trois incinérateurs géants de la banlieue qui brûlent toutes les ordures de la ville se sont mis en grève.
La CGT, la fédération syndicale militante, rapporte que 60 % du personnel est en grève. Le blocus des usines provoque un retard croissant dans la collecte des ordures, les trottoirs étant encombrés de poubelles à roulettes et de rats sortant pour s’en nourrir.
Une situation similaire se produit à Marseille, avec 3 000 tonnes d’ordures abandonnées dans la rue. Les ouvriers des incinérateurs se sont mis en grève pour défendre leurs droits à la retraite et dénoncer le fait qu’ils travaillent avec des matériaux toxiques dans des environnements dangereux et sales. Ils sont déterminés à défendre leur régime de retraite relativement précoce, en soulignant que leur espérance de vie est inférieure de sept ans à la moyenne française. (Les ordures s’entassent dans les rues de Paris alors que la grève des retraites touchent la collecte des déchets, The Local, 4 février 2020)
Emmanuel Macron et son parti La République En Marche ont poussé en 2016 comme un champignon de nuit, prospérant sur un sol issu de la gangrène de la social-démocratie française (Parti Socialiste). Si les travailleurs maintiennent la pression, le projet Macron soutenu par l’UE pourrait s’effondrer tout aussi rapidement, ouvrant un nouveau chapitre dans la lutte des classes en France.
Victoire aux grévistes!
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Translation by Jesse Winney and Eleonore M’Bra Koffi